01 40 60 71 32 contact@hubistaff.com

L’oralité, dernier bastion humain du consultant augmenté ?

30 Nov 2025 | Conseil & Transformation, Performance & Relation client

À l’ère de l’intelligence artificielle, la parole redevient une compétence stratégique

Et si la puissance du consultant augmenté résidait dans sa parole ?

À mesure que l’intelligence artificielle envahit les processus de conseil, une conviction s’impose : le futur du métier ne dépendra pas de la maîtrise des outils, mais de la capacité à penser et influencer par la parole.
L’oralité, reléguée au second plan par des années de culte du livrable, réapparaît aujourd’hui comme une compétence cognitive et stratégique. Non pas un art d’élocution, mais une posture intellectuelle : celle qui questionne, interprète, relie et restitue.

À l’heure où l’IA structure la pensée, le risque est de voir le consultant perdre ce qui faisait sa singularité : la capacité à penser en présence, dans la tension du dialogue et la construction collective du sens.

L’IA accélère la production, mais appauvrit la conversation

L’intelligence artificielle produit vite, mais elle ne parle pas. Elle reformule, compile, structure, mais sans corps, sans écoute, sans regard.
Le consultant, fasciné par cette efficacité, court le risque d’une dépossession insidieuse : celle de confier à la machine la part vivante de son métier.
Or le conseil n’est pas une industrie de contenu ; c’est un art de la relation.

Dans les organisations, les consultants les plus influents ne sont pas ceux qui produisent les analyses les plus complexes, mais ceux qui savent créer du sens dans l’échange.
Ils posent les questions justes, reformulent avec acuité, déplacent les perspectives.
C’est là que se joue la vraie puissance : dans la qualité du dialogue.
L’IA, en revanche, n’écoute pas. Elle calcule.

Parler n’est pas accessoire : c’est penser

L’oralité n’est pas une compétence périphérique. Elle est le lieu même de la pensée vivante.
Dans la conversation, le consultant ne récite pas un savoir : il construit une compréhension.
Les silences, les hésitations, les reformulations ne sont pas des faiblesses ; ils sont les marques d’une pensée en mouvement.
Face à l’IA, cette plasticité devient un avantage compétitif majeur.

Le paradoxe est clair : plus l’IA automatise l’écrit, plus la parole reprend de la valeur.
Les dirigeants le sentent confusément : ils cherchent moins des analyses parfaites que des interlocuteurs capables de formuler le flou, d’accueillir l’incertitude, de donner du relief à la complexité.

L’oralité, une intelligence relationnelle et stratégique

Le consultant du futur devra maîtriser la conversation augmentée : une parole nourrie par la donnée, amplifiée par la technologie, mais toujours profondément humaine.

Trois registres structurent cette compétence :

  • L’oralité exploratoire – savoir questionner pour comprendre, avant de conclure. Dans un monde saturé d’informations, poser la bonne question devient un acte de discernement.
  • L’oralité d’influence – construire une parole crédible, incarnée, qui crée l’adhésion sans manipuler. L’IA peut générer un discours ; elle ne peut pas générer de la confiance.
  • L’oralité de restitution – transformer la complexité en récit intelligible, transmettre sans trahir. C’est dans ce moment que le consultant devient “passeur de sens”.

Ces trois formes d’oralité structurent la posture du consultant augmenté : celui qui fait dialoguer la machine et le réel, l’analyse et la relation.

Deux scénarios pour le métier

Scénario faible : les cabinets de conseil automatisent la production intellectuelle, les livrables sont générés, standardisés, uniformisés.
Le consultant devient un “intermédiaire de prompts”. L’IA structure, l’humain supervise.
La valeur s’effondre : tout devient remplaçable, reproductible, interchangeable.

Scénario fort : les consultants réinvestissent la parole comme espace de différenciation.
L’IA devient partenaire de préparation, elle synthétise, alimente, suggère tandis que l’humain reprend la main sur l’interprétation, l’influence, la mise en sens.
Les conversations deviennent des espaces de co-intelligence.
Le conseil redevient un métier de présence.

La vision Hubistaff : la parole augmentée

Chez Hubistaff, nous considérons que l’avenir du conseil ne se jouera pas sur la production de slides automatisés, mais sur la maîtrise d’une parole augmentée.
L’IA amplifie les capacités d’analyse ; l’oralité amplifie la puissance d’influence.
L’enjeu n’est pas de choisir entre l’un et l’autre, mais de réconcilier la rigueur de la machine et la vivacité du verbe.

Former les consultants à parler, écouter, restituer, questionner : voilà la nouvelle frontière du développement des compétences.
Non pas en ajoutant une “soft skill” au catalogue, mais en redéfinissant le rapport à la connaissance : penser par la parole, nourrir la parole par la donnée.

L’IA peut générer du contenu ; seule la parole crée du lien.

Pistes pour agir

  • Réintroduire l’oralité dans la formation des consultants. Apprendre à construire la pensée à voix haute, à articuler les idées avec précision, à improviser sans perdre la rigueur.
  • Concevoir des dispositifs de formation à la conversation augmentée. Entraîner les équipes à dialoguer avec l’IA comme avec un partenaire de questionnement.
  • Faire de la restitution orale un moment stratégique. Transformer les livrables en récits vivants : donner chair aux données, souffle aux analyses.
  • Redonner au client sa place d’interlocuteur, non de destinataire. La valeur du conseil réside moins dans ce que l’on dit que dans ce que l’on fait dire à l’autre.

Le risque du mutisme numérique

Si le monde du conseil continue de déléguer à la machine la production de pensée, il risque un appauvrissement irréversible : la perte du langage comme espace de construction collective.
L’IA ne tuera pas le métier de consultant ; c’est le consultant muet qui le fera.

L’ère de la machine pensante impose le retour du consultant parlant, au sens noble du terme : celui qui met la parole au service de la compréhension, de l’influence et de la transformation.

Conclusion

L’intelligence artificielle n’abolit pas la parole ; elle en révèle la nécessité.
Les cabinets qui comprendront cela tôt deviendront les pionniers d’une nouvelle ère du conseil : celle du dialogue augmenté, où la technologie nourrit l’intelligence humaine sans l’étouffer.

L’avenir du consultant ne s’écrira pas dans le code, mais dans la conversation.

Abonnez-vous !

 
Tous droits réservés – © Hubistaff 2025